Plus de 13 500 déplacés, à cause du manque des financements du Programme alimentaire mondial (PAM), vivent des mois sans assistance humanitaire dans le camp de déplacés Mugunga III, situé à 15 kilomètres au sud de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu.
"Au moment où nous parlons, ils sont au nombre de 4001 ménages ou 13515 individus, les déplacés internes qui vivent ici, viennent principalement de Masisi, de Rutshuru et de Ufamandu. Ils ont fui les conflits armés dans leurs milieus depuis le mois d'avril dernier", a expliqué lundi Blandine Kagoma, chargée de la protection de l'ONG Première Urgence-Aide Médicale Internationale (PU AMI), projet appuyé par le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR).
La vie des déplacés est difficile dans le camp, parce qu'ils ont fait deux mois sans assistance des rations alimentaires, a-t- elle poursuivi, ajoutant que le premier défi de ce camps, c'est le VIH/SIDA, étant donné que le chiffre des cas VIH/SIDA reste inconnu.
Le camp des déplacés Munguga III dispose d'un bureau de la Police nationale congolaise (PNC) avec un petit cachot pour les délinquants, d'un poste de santé avec un dépôt pharmaceutique. Selon les policiers, il y a environ deux cas de viols chaque mois dans le camp, dont certains sur mineurs.
"Les infections sexuellement transmissibles, les infections respiratoires et la malaria sont fréquentes dans ce camp", a renseigné Bertin Barungu, infirmier titulaire de poste de santé Mugunga III.
"Depuis le mois d'avril jusqu'au mois de juillet, nous avons assisté les déplacés de Mugungga III, nous avons arrêté de les assister pour des raisons de manque d'argent qui a coïncidé avec l'afflux des déplacés de Kanyaruchinya", a déclaré Djaounsede Pardon, chargé de Rapports et Information publique du PAM Nord- Kivu.M.
Pardon a révélé que le PAM dispose aussi d'un programme de prise en charge des personnes vivant avec le VIH/SIDA qui bénéficient des rations alimentaires. "Je fuis les conflits armés à Ufamando, je suis venu ici depuis le mois d'avril, il y a une mauvaise vie ici, il n'y a pas à manger, depuis que nous sommes ici, nous avons eu l'aide alimentaire une seule fois, et c'était au mois d'août dernier, ils nous ont remis 1kg de farine mais par personne, comme j'ai six enfants, ils m'ont donné 7kgs de farine de maîs", a indiqué la jeune veuve Jacqueline.
"Il fallait que je reste et meure chez moi, au lieu de vivre ce calvaire dans ce camp de déplacés. Aujourd'hui, mes enfants sont prises en charge par le PAM dans les cas des enfants malnutris", a regretté Benjamin, père de trois enfants.
Selon Jonathan Kasereka, nutritionniste au Comité baptiste de l'Afrique (CBCA), le PAM assure la prise en charge des cas de malnutrition aigüe modérée dans l'Unité nutritionnelle de supplémentassions (UNS) ou 275 enfants ont bénéficié de cette assistance et l'UNICEF prend en charge 150 enfants dont la malnutrition est sévère.
A ce jour, les besoins de financement de PAM s'élèvent à 66,3 millions de dollars américains. Dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, cette agence onusienne nourrit plus de 500.000 personnes ayant fui les affrontements armés entre janvier et août 2012.